Ce mardi 9 JUIN (et pas mai) 2020, avait lieu une réunion téléphonique entre Valérie Pécresse, présidente d'Ile-de-France Mobilités, plusieurs représentants des services d'Ile-de-France Mobilités, dont Laurent Probst, le directeur général, et les représentants des associations et collectifs d'usagers des transports.

Le format était le même que celui de la réunion qui avait eu lieu le jeudi 7 mai 2020, quelques jours avant le début de la procédure de déconfinement le lundi 11 mai.

Il est 8h40, Valérie Pécresse commence la réunion par la présentation qui suit.

A la veille d'une réunion du Conseil d'Ile-de-France Mobilités qui aura lieu mercredi 10 juin, la réunion aborde 2 sujets :

  • le déroulement du déconfinement, et l'impact de ces derniers mois sur la situation financière d'Ile-de-France Mobilités
  • les travaux de l'été 2020

La période de confinement d'une durée de près de 2 mois a été la cause de la perte d'une large partie de recettes, en particulier à cause de la baisse des rentrées liées au versement mobilité avec le chômage technique d'1/3 de population.

Cette période s'est traduite par 90 % recettes voyageurs en moins, 30 % d'offre, 10 % de la fréquentation habituelle.

La période de déconfinement a commencé le lundi 11 mai: l'objectif visé a été un retour à la normale le plus rapide possible, malgré les manques d'effectifs.

Il y a d'abord eu une amplitude horaire limitée à 6h-22h, avec une soixantaine de stations de métro RATP fermées. Il y a eu par la suite une adaptation progressive à la demande, notamment en début de matinée.

L'offre Transilien sera à peu près à son niveau nominal à partir du lundi 8 juin sauf en soirée, où les circulations ferroviaires sont interrompues aux environs de 22h. Côté RATP, la réouverture des 60 stations de métro fermées se fera progressivement.

Le vendredi 5 juin, on était à un niveau de fréquentation de l'ordre de 30 % de ce qu'il est habituellement.

Il a fallu mettre en place des mesures de régulation très strictes pour maintenir la distanciation physique, même si ces mesures ont été allégées depuis le mardi 2 juin.

Télétravail (auquel on est fortement incité à recourir), lissage heures de pointe, mécanismes des attestations restent cependant de vigueur. Les mesures de distanciation physique sont toujours fortement recommandées.

Une signalétique spécifique, des annonces en gare, une surveillance par le système de vidéoprotection de la surcharge des quais, et une obligation de port du masque ont été mises en place (même si on note un relâchement du port du masque le week-end)

Plusieurs filières d'approvisionnement en masques et en gel hydro-alcoolique sont à disposition dans les gares et sur le réseau

Les procédures de nettoyage et désinfection correspondent à 1 à 3 nettoyages quotidiens (soit un doublement de la fréquence habituelle, en incluant des interventions en cours de service par des équipes mobiles)

175 bornes de distribution de gel hydro-alcoolique ont par ailleurs été installées en gares SNCF, stations RATP...

La mesure de dédommagement des usagers pendant le confinement, logique face à l'absence d'utilisation des transports en commun, a cependant fait l'objet de critiques de la part du Ministre du Budget.

En pratique, ce sont déjà plus d'un million et demi de demandes qui ont été validées. Parmi celles-ci, 100 000 usagers verront une de leur mensualités (juin ou juillet) supprimée.

Les demandes sont à déposer d'ici le mercredi 17 juin.

Le schéma présente les flux financiers mis en oeuvre pour assurer :

  • les investissements d'Ile-de-France Mobilités, soit 650 M EUR
  • les frais de fonctionnement des réseaux, soit 9800 M EUR

Parmi les recettes, on a 4 milliards d'euros liés aux recettes tarifaires, soit l'achat des titres de transport [les 971 millions d'euros marqués "employeurs" correspondent aux remboursements des abonnements transport Navigo], 4,5 milliards d'euros versés par les entreprises au titre du versement mobilité (ex versement transport) et 1,9 milliard d'euros de concours publics, versés par les collectivités territoriales.

Les dépenses se répartissent à raison de 50 % pour la RATP, 31 % pour la SNCF, 14 % pour Optile (ensemble des réseaux bus de grande couronne) et 5 % pour le fonctionnement propre d'Ile-de-France Mobilités

Les pertes sur le versement mobilité sont estimées à 1 milliard d'euros sur l'ensemble de l'année 2020

  • 845 millions d'euros pour les mesures liés au confinement (le passage en activité partielle, ou les arrêts de maladie, ont des conséquences sur les montants versés au titre du versement mobilité)
  • 160 millions d'euros liés aux effets que pourrait avoir la crise économique

avec des impacts à prévoir sur 2021

Cette mosaïque présente la répartition des recettes en fonction des différents types de titres de transport. Sur les 4 milliards d'euros de 2018, les deux tiers, soit 2,7 milliards d'euros sont des abonnements (forfaits) et 1,2 milliard d'euros sont des titres unitaires (TAB, ticket d'accès à bord, ticket acheté au conducteur du bus)

Les pertes sur les recettes tarifaires jusqu'à la fin 2020 sont estimées à 1,6 milliard d'euros, soit 570 millions d'euros sur la période de confinement (mars-mai), 490 millions d'euros entre mai et août, 540 millions d'euros entre septembre et décembre (avec l'hypothèse d'un maintien du télétravail à 50 % pour ceux qui le peuvent). Des impacts sont également à attendre sur 2021

La nécessité d'un plan de renflouement apparaît de façon évidente. Or il n'y a eu aucun retour du gouvernement après l'appel des autorités organisatrices, dont Ile-de-France Mobilités, et le GART (Groupement des Autorités Responsables des Transports). Pendant ce temps-là, en Allemagne le gouvernement débloque 7 milliards d'euros, aux Pays-Bas l'Etat compense 93 % du manque à gagner, et même au Royaume-Uni le gouvernement apporte 1,5 milliard d'euros. Le gouvernement français n'évoque lui qu'un remboursement partiel du manque à gagner sur le versement mobilité, et ce à une échéance pour le moment indéfinie. 

En mars, la trésorerie d'Ile-de-France Mobilités atteignait 600 millions d'euros, ce qui a permis de payer les opérateurs.

Les collectivités locales ne peuvent pas s'endetter pour des dépenses de fonctionnement. Seul l'Etat le peut…

A compter de juillet, IDF-M ne pourra plus payer l'ensemble de ses dépenses.

Avec un déficit de 2,6 milliards d'euros, il faudrait réduire l'offre de transport de 70 % ou alors augmenter le Navigo de 15 EUR par mois. Or ces mesures n'ont pas été mises en place par la région ou par Ile-de-France Mobilités. Il n'y a aucune raison que les conséquences financières leur reviennent.

 

L'Etat met en place des plans de soutien à l'aéronautique, à l'automobile, mais rien en faveur du ferroviaire et des transports du quotidien.

 

Les investissements et achats de matériel roulants sont bien prévus, y compris la commande des rames du RER B qui aura bien lieu en 2020. Mais c'est le fonctionnement quotidien des transports en commun qui est en cause.

 

Distanciation physique

Peut-on renoncer à l'obligation de distanciation physique dès lors qu'il y a obligation du port du masque ? La distanciation physique reste un objectif. Cependant l'objectif n'est plus aujourd'hui de 25 % de la capacité habituelle, mais de 50 %… Mais quelle différence y a-t-il par rapport aux TGV où il n'y a plus de distanciation physique ?

Il reste un espoir pour l'après-22 juin

Le lissage des heures de pointe, le télétravail, les nouvelles mobilités, ... pourraient être des bénéfices de la crise sanitaire

A la région Il-de-France, 95 % des effectifs sont à 2 jours de télétravail par semaine, avec un taux de satisfaction de 93 %

On passe au second sujet de la réunion, les travaux d'été.

Ceux-ci sont présentés ligne par ligne

Certains chantiers doivent être replanifiés (reportés) car les nécessaires travaux préparatoires n'ont pas pu avoir lieu dans les temps. Ce sera par exemple le cas du chantier du tiroir d'Orsay (voie de garage en arrière de la gare d'Orsay-Ville), qui sera reporté à l'été 2021, ce qui impliquera un retard d'un an dans la mise en oeuvre de la nouvelle offre (nouvelle desserte et nouvelles grilles horaires). Ile-de-France Mobilités demandera aux opérateurs de rétablir l'offre nominale lorsqu'un chantier n'est pas lancé.

Il faut d'autre part tenir compte dans la programmation de la mise en place de la distanciation physique sur les chantiers.

Comme en 2019, une réunion de retour d'expérience sur les divers chantiers réalisés cet été aura lieu à la rentrée.

Les divers chantiers les plus importants, avec leurs impacts en termes d'exploitation, sont maintenant présentés.

Pourquoi cette différence entre les heures des derniers RER pour Cergy ou Poissy vers 21h-22h et ceux pour St-Germain-en-Laye après minuit ?

Par ailleurs, où en est-on de la suppression de la relève à Nanterre-Préfecture ? de la mise en place d'une réserve montée ? de la mise en place de la passerelle piétonne accolée  au vidauc de Bezons ?

Sur ses lignes, dont les branches Cergy et Poissy, la SNCF organise le rattrapage des retards des chantiers grâce à la mise en place de coupures en nuits longues, soit à partir de 22h.
Les autres questions ne sont pas du ressort de cette réunion, mais les études se poursuivent.

Les 3 semaines en desserte B8 (8 trains par heure sur la ligne B) vont être très difficiles à passer. N'y avait-il aucune possibilité de maintenir une desserte B12 partiellement ?

Non, on ne sait pas faire mieux qu'une desserte B8, mais cette année les trains de la ligne K, renforcés ,circulent pour Mitry et Aulnay. Cela donnera un peu plus de place dans les trains de la ligne B.

 

Il est question d'un terminus Compiègne pour les TER Hauts-de-France ?

Du 18 au 31 juillet, ils sont terminus Mitry et pas Compiègne. Pendant les 3 semaines d'août, ils sont terminus Crépy, mais les trains de la ligne K assurent alors une liaison directe jusqu'à Paris.

Quand les accès à la gare de Robinson seront-ils totalement rétablis ? La date annoncée initialement était janvier 2021.

Les impacts sont en cours d'évaluation côté opérateurs

Le sujet des bus de substitution était nettement apparu lors des travaux de reconstruction des voies après l'affaissement du talus à Courcelle. Les bus passaient sur le plateau mais ne s'arrêtaient pas puisque ce n'était pas l'itinéraire du RER B ! Il faudrait par ailleurs inciter les entreprises à privilégier le télétravail

La promotion du télétravail (dans la mesure du possible) auprès des entreprises est une idée intéressante.

Par ailleurs, il apparaît que 10 M EUR vont devoir être engagés sur des travaux hydrauliques à St-Rémy-lès-Chevreuse. Les dossiers relatifs à la loi sur l'eau ne correspondent même plus à ce qui est prévu. D'un autre côté, la zone Cemex (cimenterie) devait être utilisée pour le départ du tunnelier de la ligne 18. Finalement, celui-ci se fera de Palaiseau, ce qui limitera l'occupation du terrain. 2 voies de garage devraient pouvoir être restituées dès 2022 dans cette même zone Cemex. Il faut donc réétudier le sujet complètement.

Une modification des projets se traduira par un allongement des plannings.

On peut nourrir de gros regrets pour le tiroir d'Orsay pour lequel les 2 mois de perturbation du chantier conduisent à un report d'un an de la mise en oeuvre de la nouvelle offre 

Tant qu'à faire des missions Paris-Corbeil par la vallée, pourquoi ne pas les prolonger jusqu'à Malesherbes, en fusionnant les trains directs et les navettes ?

La proposition mise en place a été celle qui apparaissait comme la meilleure.

Qu'appelez-vous débranchement de Meaux - La Ferté-Milon ?

Il s'agit de mettre en place des navettes ferroviaires Meaux - La Ferté-Milon, en remplacement des trains directs Paris - La Ferté-Milon. Le direct Paris de 7h18 en particulier n'existe donc pas pendant cette période.

Sur le branche Provins, le train au départ de Paris à 20h46 n'existe pas actuellement, le dernier est à 19h46 ce qui rend difficile tout espoir de lisser les heures de pointe

Le sujet va être étudié.

Côté RER E, on espère une meilleure gestion des interruptions par rapport à l'an dernier. Il est tout de même surprenant que ce chantier implique une desserte limitée à 50 % pendant 6 semaines, alors même que 3 des 4 voies de la gare Magenta sont utilisables.

On ne sait effectivement pas faire mieux avec toutes les contraintes d'infrastructure. Mais les horaires intègrent davantage de robustesse et de fiabilité qu'à l'été 2019.

Les travaux du viaduc du métro aérien sont reportés. Seuls sont maintenus les travaux d'infrastructure entre Etoile et Trocadéro.

A quelle date le prolongement de la ligne 14 au nord doit-il aujourd'hui être mis en service ? Les habitants d'Aubervilliers attendent de leur côté une compensation pour les retards de la construction de la ligne 12. Enfin à quelle date l'étude RATP relative à l'automatisation de la ligne 13 doit-elle être remise ?

L'ensemble des plannings est en cours de recalage

 

Il est 10h40. La réunion tire à sa fin, Ile-de-France Mobilités remercie les participants de leur présence